J'ai subdivisé cette page en deux parties :
1. Le miel
Poèmes dans lesquels je décris des personnes, des sentiments, des rêves, des instants positifs ou mélancoliques qui ont marqué ma vie :
2. Le fiel
Poésie "exutoire", pour les jours où se confrontent principe de plaisir et principe de réalité :
Le miel
Journée bretonne ©
Depuis des jours déjà une pluie douce danse
Entre les vertes feuilles des cerisiers gris
Sur d'écarlates fleurs à peine épanouies
Qui laissent s'exhaler d'enivrantes fragrances
Sans cesse interrompu par un souffle salé
Le silence chassé doit d'effacer lassé
Une lumière jaune éclate éblouissante
La mer couleur de jade du ciel est l'amante
De lourds nuages noirs passent mélancoliques
De légers oiseaux blancs poussent des cris tragiques
Le sable danse aussi en des cercles sensuels
Depuis des jours la vie est tout simplement belle
Chaque nuit mon unique rêve se façonne :
L'envoûtante magie d'une journée bretonne
Le soleil nu ©
Je sens la mer noir tombeau
Et le vent gerçant sa surface
Je vois déjà le bleu profond des eaux
J'entends le vrai silence et sa menace
Tout en bas gît un monde
Où la lumière ne passe
Et où se sont éteintes mes illusions
Pourtant c'est dans la Terre
Que mes racines sont
Et je n'ai dit mon dernier mot
Ici j'ai la lumière
Qu'importe le tombeau
La fin de l'enfance ©
Esclave en son espace enfermée dans ses terres
N'usant que de défense comme arme de guerre
La sauvage a fermé ses yeux inquisiteurs
Et elle a adopté l'humour de condition
Mais son âme toujours trouvait une façon
D'apparaître, laissant entrer l'envahisseur
La vraie menace est la frontière
Car la vérité se conquiert
La vie commence après la peine
Lorsque l'on sort de son domaine
J'y ai trouvé ma liberté :
Un peu d'encre sur du papier
Éveil ©
Partout nerveusement grouillent d'absurdes ombres
Qui meurtrissent leur âme en marchant dans un rond
Et font s'évaporer en des volutes sombres
Leurs peurs en criaillant comme crisse un violon
Puis l'agitation s'efface pour laisser
Une douleur perfide creuser un sillon
Où s'enracinera ma désolation.
Mais la pâle lueur reflet de l'empyrée
D'un rayon rose et froid du soleil hivernal
Et la douce caresse du vent matinal
Apaisent mon tourment et recouvrent ma vie
D'un voile de beauté étincelles fragiles
Qui se dissiperont en sanglots volatils
Et laisseront couler un miel de frénésie.
Homonymie ©
Les mots qui entrent et qui sortent à moitié
Les mots rêvés
Les mots vécus et ravalés
Les mots que l'autre a oubliés
Ceux qui font naître ceux qui sont nés
Les mots qui poussent jusqu'à étouffer
Ceux qui ont disparu enracinés
Les mots écrits les mots cachés
La bouche ouverte les yeux fermés
Les mots pour moi et par moi observés
Les mots compris et murmurés
Les mots ris les mots travaillés
M'échappent-ils une fois posés ?
Les mots tranquilles transfigurés
Absence ©
- Journée bretonne
- Le soleil nu
- La fin de l'enfance
- Éveil
- Homonymie
- Absence
- Un jour de pluie
- Le devoir
- Maman
- Le prince charmé
- Alexandra - à une amie
- Le premier jour d'une nouvelle année
- La face cachée du miroir
- L'ultime combat
- Le rêve
2. Le fiel
Poésie "exutoire", pour les jours où se confrontent principe de plaisir et principe de réalité :
- Médiocrité
- Multitude
- Lâche
- Le Venin
- Un sanglot oublié
- Réalisme
- L'animal social
- Le pas d'une porte
- Le mâle me ronge
- La liberté selon le peuple
- La vie d'à côté
- L'amour lente
- Haiku mnésique
- Les troglodytes
- Après l'indifférence
- Le choix des maux
- La cité terrestre
Depuis des jours déjà une pluie douce danse
Entre les vertes feuilles des cerisiers gris
Sur d'écarlates fleurs à peine épanouies
Qui laissent s'exhaler d'enivrantes fragrances
Sans cesse interrompu par un souffle salé
Le silence chassé doit d'effacer lassé
Une lumière jaune éclate éblouissante
La mer couleur de jade du ciel est l'amante
De lourds nuages noirs passent mélancoliques
De légers oiseaux blancs poussent des cris tragiques
Le sable danse aussi en des cercles sensuels
Depuis des jours la vie est tout simplement belle
Chaque nuit mon unique rêve se façonne :
L'envoûtante magie d'une journée bretonne
Le soleil nu ©
Je sens la mer noir tombeau
Et le vent gerçant sa surface
Je vois déjà le bleu profond des eaux
J'entends le vrai silence et sa menace
Tout en bas gît un monde
Où la lumière ne passe
Et où se sont éteintes mes illusions
Pourtant c'est dans la Terre
Que mes racines sont
Et je n'ai dit mon dernier mot
Ici j'ai la lumière
Qu'importe le tombeau
Esclave en son espace enfermée dans ses terres
N'usant que de défense comme arme de guerre
La sauvage a fermé ses yeux inquisiteurs
Et elle a adopté l'humour de condition
Mais son âme toujours trouvait une façon
D'apparaître, laissant entrer l'envahisseur
La vraie menace est la frontière
Car la vérité se conquiert
La vie commence après la peine
Lorsque l'on sort de son domaine
J'y ai trouvé ma liberté :
Un peu d'encre sur du papier
Éveil ©
Partout nerveusement grouillent d'absurdes ombres
Qui meurtrissent leur âme en marchant dans un rond
Et font s'évaporer en des volutes sombres
Leurs peurs en criaillant comme crisse un violon
Puis l'agitation s'efface pour laisser
Une douleur perfide creuser un sillon
Où s'enracinera ma désolation.
Mais la pâle lueur reflet de l'empyrée
D'un rayon rose et froid du soleil hivernal
Et la douce caresse du vent matinal
Apaisent mon tourment et recouvrent ma vie
D'un voile de beauté étincelles fragiles
Qui se dissiperont en sanglots volatils
Et laisseront couler un miel de frénésie.
Les mots qui entrent et qui sortent à moitié
Les mots rêvés
Les mots vécus et ravalés
Les mots que l'autre a oubliés
Ceux qui font naître ceux qui sont nés
Les mots qui poussent jusqu'à étouffer
Ceux qui ont disparu enracinés
Les mots écrits les mots cachés
La bouche ouverte les yeux fermés
Les mots pour moi et par moi observés
Les mots compris et murmurés
Les mots ris les mots travaillés
M'échappent-ils une fois posés ?
Les mots tranquilles transfigurés
La chaleur étouffante écrase un lieu étrange
Une lumière blanche illumine des dunes
Sable vole chaudes dunes couleur de lune
Vertes flammes sable de feu brûlant mélange
Un silence pesant céruléen s'étend
S'insinue insidieux obscurité transie
Reflet sélène glace abysses infinis
Absence d'essentiel miroir mon différent
Une force m'enserre et doucement me berce
Et fait se dissiper mon corps à mon insu
Dans ses griffes je sens s'alanguir mon ivresse
Enfin je me sens vivre je n' existe plus
Assise au bord du monde attirée par la mer
J'ai plongé dans l'eau noire d'un rêve désert
Ne plus penser à rien écouter seulement
L'harmonie et le bruit de la pluie et celui
De mon ennui glisser comme glisse le temps
Comme un nuage indolemment laisser la nuit
Étrangler les erreurs recomposer les coeurs
Et pleurer l'avenir des âmes disparues
Scruter un ciel sans tache dormir puis rêver
Se convaincre un moment que le temps est vaincu
Pour vivre pour apprendre pour aimer pour rire
Sur le carreau suivre des yeux de longues gouttes
Qui sont autant de larmes vides et maudire
Cet éphémère cruel sous cette égale voûte…
Le devoir ©
Silence interrompu par des bruits de papier
Folie du sablier le temps est suspendu
Seconde par seconde un silence étendu
S'endort profondément et se met à rêver
Ils ont vidé leur âme couchée sur le papier
Avec ce crissement nerveux des écoliers
Leurs mains gourdes se crispent leurs plumes sont folles
Le sablier n'est plus c'est l'heure le temps s'envole...
Tu es ma nuit d'été discrète et rassurante
Berceau de mon oubli chacun de tes mots tendres
Du ciel est l'étoile la plus souriante
Insondable mystère ton regard de cendre
Brille comme un éclat de lune, lumière
Sage et apaisante.- De cette nuit d'été
Tu as pris la chaleur d'un souffle parfumé
Et la douce caresse d'une averse claire
Tu es l'arbrisseau vert au milieu de la plaine
Mais aussi les rochers qui en sont le support
Ce soir est une nuit d'été et je m'endors
Dans tes bras bleus enfant innocente et sereine
Le prince charmé - Conte vécu ©
Il était une fois, en un lointain pays,
Un charmant canasson sous un noble dandy
Lequel avait pour seule déontologie
De hanter les troquets pour noyer son esprit
(C'est un prince qu'on sort) dans un fond d'eau-de-vie.
Souvent il revenait flanqué d'une harpie
Qu'il biscottait pieusement durant la nuit.
Un jour qu'il ripaillait en probe compagnie
(Tous divaguaient flottant dans un brouillard bénit)
Entra pour l'éprouver une jeune houri
Sous les traits d'une aïeule au visage flétri ;
D'abord en la voyant il resta interdit,
Puis la congédia quand il se ressaisit.
Voilà pourquoi notre homme quand sonna minuit,
Perdant son sex-appeal et ses royaux habits
Qui ne font pas le moine, et encore moins le prince,
Se changea en citrouille. Aujourd'hui on l'émince.
J'ai connu des cheveux désertique blondeur
Des yeux emplis de ciel et empreints de douceur
Un sourire de vent une grâce océane
Un coeur discret, aimant, de longs doigts diaphanes
Je les ai regardés comme le temps qui passe
Et puis je les ai vus trop tard un jour d'hiver
Et j'ai voulu pleurer de mes larmes de glace
Puis j'ai voulu crier de mes lèvres de fer
Chaque jour nous apporte une imperfection
Nous sombrons dans l'erreur et la contrition
La cruauté bientôt paraît irrésistible
Mais si l'on aime une âme elle devient sensible
Et reste dans le coeur de ceux qui l'ont chérie
Si l'on aime cette âme alors nul ne l'oublie
Le premier jour d'une nouvelle année ©
J'ai tapissé les murs de mots
J'ai crié sans qu'on m'entende
J'ai rêvé d'un nuage d'où l'on ne descend pas
J'ai marché dans un rond
J'ai voulu me noyer dans un verre d'océan
J'ai pleuré et j'ai ri
J'ai retrouvé la lune et la mélancolie
J'ai pensé
J'ai éteint la lumière
J'ai fermé des portes pour en ouvrir d'autres
J'ai respiré
J'ai senti la chaleur et j'ai eu froid
J'ai mis du sel dans mes cheveux
J'ai voulu quitter ses bras
Mais j'aimais trop
Alors j'ai tapissé les murs de mots
Il y avait une fois un homme
Si imbu de sa personne
Qu'il consacrait tout son temps
A se mirer les dents
Le miroir n'était pas bête
Après s'être usé la tête
Lui joua le tour suivant :
Il lui montra son dedans.
L'effroi qui était sur place
Le saisit, le dégueulasse
L'homme voulut pousser un cri
Qui refusa, c'est impoli
De pousser les cris comme ça
Non vraiment, ça ne se fait pas
Et puis il se décida
Un cri viril résonna
Pour mettre fin à l'histoire
Le mâle brisa les miroirs
Mais il perdit sa santé :
Par son ombre il fût hanté
Avertissement : Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.
C’est la nuit sur la côte et le vent par rafales
Fait ployer de douleur les arbres rabougris
Le chevalier Hélios sous cette lune pâle
Avance glaive au poing vers la mer en furie
Montant un hippocampe un colossal fantôme
Se dresse face à lui –étrange créature !
Le regard fier sous une épaisse chevelure
Il était sans défense : sans arme ni heaume
L’histoire a dix sept ans ; depuis dans le royaume
Obsédées par les vers indécents du fantôme
Aucune jeune fille ne trouvait le sommeil !
Alors on dépêcha le chevalier Soleil
Pour terrasser la bête à l’âme encore féconde
Le chevalier attaque ; il s’engouffre dans l’onde
Par la force et l’épée et pour la paix du nombre
Pour que le bien triomphe il trépigne dans l’ombre
Mais sous le ciel sans lune, ardeur amenuisée
Patiemment l’ennemi a su le repousser
Et les pêcheurs l’ont retrouvé les bras en croix
Mort le cœur transpercé par une plume d’oie.
Je fais un rêve impossible
Où le silence suffit
Où l'on rit
Où les jours sont des nuits
Où l'on écoute le vent courir
Où la terre n'est plus rouge
Je fais un rêve insensé
Où l'on voit par la pensée
Où l'on n'a pas peur d'aimer
Où l'hiver vient en été
Où les larmes ont séché
Je fais un rêve éveillé
Et ma vie y ressemble
Voleur de temps avide de vie d'innocence
Envieux irréfléchi jaloux indélicat
Usé par le ressentiment esprit étroit
Tu veux nous imposer ta vile déchéance
Tu voudrais par vengeance nous faire goûter
L'infinie vacuité de ta vaine existence
A jamais pour toujours tu veux nous faire sombrer
Dans l'ombre dans l'abîme de ton ignorance
Pourtant c'est toi qui souffre en subissant ta vie
Ta force n'est qu'un leurre et ne trompe personne
Versatile sans cesse tu es infléchi.-
Toutes les nuits ce même rêve le glas sonne
Dans la brume s'estompe un funèbre cortège
Le vent parcourt la lande comme dans un frisson
Sans que tu l'aies perçu ton corps se désagrège
Tu cries mais de ta bouche ne sort aucun son
Spectateur impuissant face au drame tu penses
"Cette nuit ce cortège enterre ma conscience ! "
Une seconde suinte une minute meurt
Une heure hurle et encore ce déchirement
Et la petite fille au coquillage blanc
Au regard rose d'innocence aujourd'hui pleure...
Le coquillage gris le regard résigné
Plein de déceptions l'humain et la limite
Et conscient qu'une vie ne tourne qu' en orbite
Car depuis de longs jours Lâche l'a torturée
Depuis des mois il l'use et lui ôte la vie
Il la hante et l'obsède et lui ôte l'envie
Et d'années en années les raisons se font rares
Cette petite fille n'a compris que trop tard
Que Lâche n'est qu'un leurre celui qui dévore
N'est autre que son maître l'odieuse Mort.
Je vis rose de glace insaisissable étoile
Je fais saigner mes jours sur le fil du couteau
Et ma réalité algide et infernale
Est éreintée par un fiel rubescent : les mots.
Ce mal omniprésent qui n'indigne personne
Propage violemment son spécieux poison
Sur des milliards de bouches il peine il tâtonne
Puis décrépit les fleurs à l'ombre des prisons.
Plus sobrement paré le baume véritable
Renié par le commun qui le pense trop lisse
Cristallise en secret les passions ineffables
Etouffant les élans volubiles du vice.
Traître de l'égoïsme en buvant ton Venin
Je confondrai nos sorts et mêlerai nos fins.
J'ai avalé mon amour de travers
Plus le temps s'use et moins j'ai d'air
Il se nourrit de mon mal être
Il m'étouffe au lieu de renaître
Comme un bonbon sucré amer
J'ai avalé mon amour de travers
Car c'est quand on y a pris goût
Que l'âpreté vous prend au cou
Ma gorge nouée à l'agonie
A soif d'une impossible vie
Que deviendra mon absolu
Dans ce monde faux et obtus
Des larmes sourient sur ma joue
De trop aimer
Les yeux fermés je ne vois plus
Que toi
Errant dans un antre impudique
Briseur de rêve
Mon cœur a mal loin de ces lieux
Intouchables
Pourtant l'espoir ne renaît pas
Des cendres
Les mots qu'il a usés ne sont plus que des sons
Son petit monde est sourd incolore insipide
L'univers qu'il épuise n'est qu'une illusion
Ce qu'il appelle vie n'est qu'un cauchemar vide
Il a l'art de mimer et celui de subir
Il ne décide rien préférant s'en remettre
A un spécieux tartuffe auquel doit obéir
Vivant inconsciemment sans suspecter le traître
Vanité pernicieuse oppressante présence
Son souffle insidieux distille son poison
Il affadit un monde qu'il conçoit abscons.-
Pourtant il ne sera jamais qu'une réminiscence
Jusqu'au jour où noyé dans mon indifférence
Il sombrera sans fin absorbé par la masse
Écrasé par le poids des êtres de sa race
Impuissant oublié commun sans importance
L'animal social ©
Un animal social n'a ombre ni reflet
Puisqu'il vit par les yeux des autres animaux
Il veut être égoïste mais suit le troupeau
Sur un chemin bordé de stériles projets
Pour pouvoir être libre il se laisse asservir
Et admet son semblable quand il n'est pas autre
Il crie la solidarité pour mieux unir
Et pour mieux diviser oublie qui sont les nôtres
Il veut trouver la paix en déclarant la guerre
Aux couleurs qui menacent son tableau terni
Il se choisit un chef et traque un ennemi
Car mort aveugle vaut mieux que vie volontaire
Et la pensée unique vaut mieux que l'esprit
Mais visant son triomphe il condamne la Vie
Je crie mon désespoir
Les feuilles mortes
La pluie d'automne
Le ciel qui tonne
Les idées qui fourmillent
L'explosion dans ma tête
Les petits bruits qui cachent les grands silences
L'agacement
Chaque seconde tue
Mon coeur ensanglanté
La parole qui blesse et qui déchire
La fin d'un rêve
Coule le sang sur ma coquille
Qui pleure de ne pas être pierre
Rouges les lèvres empoisonnées du temps
La morsure de l'absence
Oppressante et profonde
Et mon miroir usé demeure sans réponse
La compassion vide du peuple
Jamais lassé de son visage
Montent les mots qu'il faut poser
Je suis un rêve sans image
Le peuple tient la liberté en laisse
Sur ses pattes de derrière elle se dresse
Pour qu'on la voie du monde entier
Mais comme elle n'était pas sage
Le peuple l'a jetée en cage
Pour pouvoir mieux la dresser
Comme ça ne suffisait pas
A la fin on l'affama
Afin de la décharner
Maintenant elle est parfaite
Plus personne ne s'inquiète
De cette pauvre ombre brisée
Pourtant dans mon âme je laisse
Courir ma liberté sans cesse
Elle va où elle veut aller
Dans les chambres et les greniers
Dans l'instinct et la pensée
Dans les vêtements mités
Dans les vieux tiroirs usés
Dans les souvenirs oubliés
Dans les larmes qui ont coulé
Dans les toiles d'araignée
Dans la poussière envolée
Dans l'air d'un matin mouillé
Dans les nuages légers
Dans les ciels étoilés
Dans l'univers illimité
Plus ses ailes brisent sa geôle
Et moins le peuple la contrôle
C'est mon crime par la pensée
Mon amour au teint noir provocant étalage
Préfère à l'être dur l'haleine du mirage
Et se rêve pareille à la réalité
Voyage vain que mort s'en suive liberté
Non prise soutirant les rêves de mon nez
Elle est l'hémorragie de l'âme pourfendue
La mer en ses profondeurs les plus inconnues
Sein nourricier pourtant fatal
Si l'on abuse de sa moelle
Agneaux bénis devenus chèvres
Depuis son nom est sur leurs lèvres
Je la loue et je la maudis
Car si elle fût un abri
Elle m'ôta toute quiétude
Ma solitude
J'aime encore et je souffle
Ma cruauté
Dans les poumons de mon amant
Sans yeux ni mains
Quand la mémoire s'efface
Mon ventre seul se souvient
Aux étouffeurs de tourner en rond
Qui croyant prendre une liberté
La perdent
Liberté
Liberté
Famille
Politique
Religion
Souvenir
Fausse éthique
Vraies prisons
Point de départ sans arrivée
Lumière éteinte ou allumée
L'intrus n'est pas celui qu'on croit
Au royaume des borgnes
Les aveugles sont rois
Le rêve est mort
La mauvaise herbe imprimée dans les yeux
Avec l'argent qui comble
Et le vide en guise de meuble
Avec les murs restés nus
Avec aujourd'hui comme hier
Avec la bouche trop grande ouverte
Et les bras trop grands fermés
Alors le souffle a rendu l'âme
Et l'âme a soufflé sa bougie
Le rêve est mort
Avec l'excuse
Sous les coups des salisseurs
Pour ceux-là point de salut
Le procès semble indispensable
Qu'on les punisse ! Les responsables
Les coupables de rien
Les assassins
As-tu choisi ta corde funambule ?
Tu veux marcher elle recule
Un pas de plus moins d'épaisseur
Tu n'es monté pourtant que depuis tout à l'heure
Enfant as-tu choisi ta peine ?
C'est aujourd'hui qu'on te l'assène
Et pour dernière volonté
Le choix entre le coeur et la pensée
Peuple as-tu choisi ton traître ?
A ce corps il faut une tête
Si le soleil est en haut
Il est bien sombre ton bateau
Poète as-tu choisi tes mots ?
Fleur au fusil ou oripeaux ?
Entre l'obéissance et la folie
Sans corde sans filet reste la Poésie
J'ai rêvé de ma mort j'étais un ange blond
Main dans la main nous nous tenions
Au bord du lac le jour dormait encore
L'herbe rose exhalait la chaleur de l'aurore
Je me souviens des fleurs sauvages
La chenille égarée au milieu du bouquet
Le parfum de la rose au contour imparfait
Perdue dans un jardin d'images
Mon âme aussi voulait des ailes
Marcher c'est renoncer au ciel
Ma solitude suspendue
Entre je serai et je fus
Tant de portes pour une clef
Tant de soleils si éloignés
Quand un jour l'animal déplaît
Il faut l'effacer du bouquet
Et pour enrayer la menace
On met du rouge sur la rose
Et la mort passe gueule éclose
Avalant tout ce qui dépasse